L'étiquette du commerce équitable
18 Juillet 2014- diffusé sur ARTE
En glissant dans son caddie un produit arborant la mention "équitable", le consommateur fait un choix qui prend tout son sens à l'autre bout du monde. En Afrique ou en Amérique latine, des petits producteurs auront été payés décemment pour produire la matière première. Et ils n'auront pas été contraints de courber l'échine face aux importateurs et aux distributeurs, comme le veut la règle de l'économie mondialisée. Qu'en est-il réellement ? Les labels se multiplient et les consommateurs les plébiscitent. Mais quelle réalité se cache derrière les étiquettes ?
Le Business du commerce équitable
Pourquoi juste consommer quand on peut consommer juste ? C'est en effet, la question sous forme de slogan que posent les acteurs du commerce de l'éthique. Du Mexique au Kenya en passant par la république Dominicaine, Donatien Lemaître a décortiqué toute la filière. Il montre que, rançon du succès, cette idée généreuse est de plus en plus récupérée par des as du marketing ou des multinationales en quête de virginité au détriment des petits producteurs ... Loin de l'objectif de ses créateurs.
"Montrer les réussites et les problèmes"
Donatien Lemaître évoque la réalisation de son film. Il explique en quoi ce travail a changé le regard qu’il porte sur le commerce équitable.
Commençons par les aspects positifs. Quels sont les acquis du commerce équitable ?
Le mouvement du commerce équitable a permis d’initier d’importants processus. Soutenir les petits producteurs, c’était là une idée résolument nouvelle. Et comme on le voit avec l’exemple du Mexique, les petits producteurs qui travaillent pour des coopératives pratiquant le commerce équitable peuvent améliorer leurs conditions de vie de manière significative. Dans le village où je suis allé tourner les familles ont pu construire des cuisines en dehors de leur habitation. Ça n'a l'air de rien mais ça permet à tout le monde de ne pas respirer des fumées toxiques. Les enfants ont pour la plupart accès à l’enseignement secondaire et les pères financent leur formation. De la sorte, la prochaine génération a toutes les chances de vivre différemment. Néanmoins, ce processus est très lent. Trop lent, aux yeux des producteurs.
 Les consommateurs doivent-ils malgré tout continuer à soutenir Fairtrade ?
Absolument ! Mon film montre que le commerce équitable a pu réaliser de grandes choses. A commencer par la transparence dans la traçabilité qui permet de remonter du produit au producteur : c’est là un des grands acquis de Fairtrade. Même s'il reste beaucoup à faire pour rendre la chaîne équitable du début jusqu'à la fin, on a grâce à ce label un début d’information sur la manière dont sont produits notre thé, nos bananes, notre café à l’autre bout du monde. Avec les produits sans label, on ne sait absolument rien des conditions de production. Aussi, d’après moi, il faut dans tous les cas préférer le commerce équitable.
..Lors de la vidéo diffusé sur ARTE ou l’intervenu à son auteur, personne n’a posé la question ni fait aucun commentaire sur le fait que Fairtrade fait payer aux coopératives et par celle-ci aux petits producteurs, la certification, le droit de retenir la licence pour vendre leurs produits sous le label que, hélas, est devenu une marque. Cette somme à payer à chaque récolte ou renouvellement de la licence est sur une base d’un minimum de 3500 dollars par an et par récolte et selon la quantité de la production, cette somme est plus importante voir le double.
S’il est vrai que le produit labélisé « Commerce Equitable-Fairtrade » se vend plus cher que le prix du marché ou ce de l’indice de la bourse, ce plus payé et qui doit rester au seul bénéfice des petits producteurs, est tout de suite repris sous forme de licence. Et par fois cette reprise est bien plus que ce que le petit producteur à touché en forme de prime.
Quel bénéfice donc ?
Et ceux qui travaillent dans les champs, les Mingas ?
Lors de la récolte des hommes et des femmes sont embauchés pour cueillir le café, de bananes, d’ananas et autres fruits. Ces gens son rémunérés 5€ par jour, n’ont aucun régime social, et ne bénéficient en rien du dit « Commerce Equitable » ils ne savent même pas ce que c’est.
Il était une fois le commerce équitable
Permettre aux petits producteurs de vivre dignement de leur travail. Un engagement qu’ont souscrit les acteurs du commerce équitable dès l’origine et auquel ils ne dérogent pas, même si l’histoire de cette utopie devenue réalité n’est pas un long fleuve tranquille.
Et ceux qui travaillent dans les champs, que deviennent-ils ?